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litaire. Il m’a dit qu’il avait trois chevaux et un domestique. Il désire bien vous voir. Il vous a tenu parole, car il a gagné le fusil d’argent qu’il vous avait promis de rapporter en partant de chez vous.

— Mais c’est incroyable : tout cela m’étonne et me surpasse, et il faudrait que je le visse pour y croire. Et M. Potier, à son tour, s’en va faire part de cette bonne nouvelle à madame Potier, qui ne fut pas la moins surprise et la moins heureuse en apprenant que Jean Coignet, son fidéle domestique, était retrouvé, et que, décoré et officier, il avait un domestique et trois chevaux à sa disposition. « Il faut le faire venir, ce cher enfant, dit-elle à son mari. »

Mais les troupes alliées occupaient toujours Paris, et il fallait un permis spécial du préfet de police pour que je pusse sortir. Avec l’intervention du procureur du roi, à qui il fit part de ses intentions, M. Potier obtint tout ce qu’il demandait, et dès le lendemain son fils arrivait me chercher à Paris. J’éprouvai beaucoup de joie de revoir ce jeune homme, qui me dit :

« Papa et maman m’envoient vous chercher : voilà la permission du préfet de police : nous partons demain matin pour Coulommiers, domestique, chevaux, tout enfin. J’emmène tout, papa le veut. » Mon frère voulut le retenir au moins jusqu’après déjeûner : impossible. Dès quatre heures, il était sur pied et nous pressait de partir. « Nous avons quinze grandes lieues à faire, répétait-il, et on nous attend de bonne heure. Nous