en toisant mon homme de mes plus grands yeux ; j’ai connu beaucoup, à Coulommiers, M. Potier.
— C’est donc bien vous, monsieur Coignet ?
— Oui, c’est bien moi, monsieur Moirot, car je crois vous remettre à mon tour. Mais, M. et madame Potier, comment vont-ils[1] ?
— À merveille. Ils vous croient bien perdu, et il y a longtemps, car nous parlons souvent de vous.
— Cependant me voilà, et, comme vous voyez, gaillard et bien portant.
— Mais vous avez donc la croix ?
— Oui, mon ami, et, de plus, le grade de capitaine. Il y a bien longtemps que nous ne nous étions vus. Voulez-vous me permettre de vous embrasser ?
— Très-volontiers : je n’en reviens pas de surprise et de joie de vous retrouver, mon cher monsieur Coignet ; nous vous croyions tous si bien mort ! Mais, où restez-vous donc ?
— Chez mon frère, marché d’Aguesseau.
— Moi, je décharge mes farines chez le boulanger du coin du marché.
— C’est mon frère qui l’approvisionne.
— Vous savez maintenant mon adresse : il faut me
- ↑ Ce M. Moirot avait été, en méme temps que moi, au service de M. Potier. Le personnel domestique était nombreux dans cette maison, mais moi, j’avais l’autorité sur tous les autres.