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la rive droite de l’Aube, à deux lieues et demie au-dessus de Brienne, au village de la Rothière. La journée de la Rothière était la première bataille rangée de la campagne ; nous restâmes maîtres du champ de bataille, mais rien au-delà, et nous ne pûmes recommencer le lendemain, affaiblis et épuisés par les pertes que nous avions faites dans les dernières affaires. Notre petite armée comptait à peine quarante mille hommes contre cent soixante mille combattants que comptait l’ennemi. Cependant les coalisés ne purent encore pas ce jour-là se vanter de nous avoir battus ou fait reculer d’une semelle.

Le 14 février, eut lieu la célèbre bataille de Montmirail. L’empereur s’y trouvait en personne, et l’ennemi fut encore battu. Nouveau combat, le 12 février, à Château-Thierry, et, le 15, à Janvilliers. Le 17, nous arrivâmes à Nangis, après des marches forcées et des peines inouïes. Nous marchions toute la nuit par des chemins de traverse pour gagner les têtes de colonnes de l’ennemi, qui nous débordait de tous les côtés, et qui avait hâte d’arriver à Paris. Nous poussions devant nous des forces considérables sur Montereau ; c’est là que l’empereur, qui devinait bien le projet des alliés, avait placé en embuscade un corps d’armée pour les recevoir, leur barrer le passage et arrêter leur marche sur Paris. Ses ordres avaient été fidèlement exécutés ; mais il eut la douleur de voir l’ennemi, qu’il croyait tenir entre deux feux, lui échapper, par suite