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vant à quelques pas de là un cavalier à redingote grise qui marchait à peu près seul, quitta aussitôt ses camarades et courut sur lui. Le général Corbineau se jeta à la traverse, mais sans succès. Le colonel Gourgaud, qui causait en ce moment avec Napoléon, se mit en défense, et, d’un coup de pistolet tiré à bout portant, abattit le cosaque aux pieds de l’empereur. Au bruit de la détonation, nous arrivâmes en masse, et, tombant sur ces maraudeurs, nous les sabrions dans l’obscurité. Un petit nombre d’entre eux parvinrent à se sauver. Mais il était temps que nous nous arrêtions, tout le monde était harrassé de fatigue et tombait de besoin. Nous étions restés vingt-quatre heures sans débrider, sans manger, et nos pauvres chevaux avaient aussi grand besoin de repos et de nourriture.

Je puis dire que nos soldats avaient fait ce jour-là des prodiges de force et de valeur ; ils s’étaient tous battus comme des lions. Un contre quatre, position affreuse, et nous avions remporté la victoire et fait essuyer à l’ennemi des pertes considérables. Notre petite armée avait joliment éclairci les rangs dans ces masses de Russes et de Prussiens que nous avions à combattre. De Brienne, l’empereur se dirigea sur Troyes, en passant sur la rive gauche de l’Aube, et nous y restâmes trois jours pour nous reposer. Le 1er février, nous retrouvâmes les alliés réunis à Champaubert. Là, encore, ils reçurent une bonne frottée ; toutefois, il nous fallut rétrograder et nous replier sur