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chargé ; il avait laissé son peloton pour courir sur moi. Ça faisait mon affaire ; je me trouvais seul.

— Mais les vieux grognards, que font-ils là-bas ?

— L’ennemi est enfoncé, la victoire est complète ; les grenadiers à cheval et les chasseurs ont traversé la grosse colonne bavaroise sur le chemin de Francfort.

Et l’empereur examine mon cheval.

— Il était jeune, cet officier ?

— Oui, sire. Du reste, je ne l’ai pas vu longtemps ; il n’a reçu de moi qu’un seul coup.

— Te voilà bien monté ; fais préparer toutes mes voitures ; je vous ferai partir cette nuit pour Francfort ; je veux éviter l’encombrement ; nous ne pourrions passer tous à la fois ; ils sont les uns sur les autres. Je vais faire déblayer la route de suite, et sitôt le chemin libre, tu partiras avec le trésor et mes voitures.

Les aides-de-camp arrivaient et confirmaient mon premier récit. La victoire était complète. Et l’empereur prenait de grosses prises de tabac. Il eut encore, ce jour-là, quelques heures de jouissance.

Il envoya en avant tous les traînards pour déblayer la grande route et ouvrir le passage à l’artillerie. Je reçus l’ordre de partir sous bonne escorte. Il faisait nuit à ne pas se voir à deux pas ; nous arrivâmes à Francfort dans la nuit du 1er au 2 novembre.

Je m’établis sur une grande place où il y avait de belles piles de bois, et nous pûmes faire de bons feux.