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battait d’une muraille très-élevée qui masque les maisons. Le chemin est entre le mur et les marais dont j’ai parlé. Je m’élance au galop sur cette voie ; bientôt je me trouve en face d’un peloton de Bavarois qui arrivaient sur moi, ayant à leur tête un grand et bel officier. Me voyant seul, l’officier fond sur moi au galop. Je m’arrête aussitôt et l’attends. Il m’aborde vivement et m’envoie de sa longue épée un coup de pointe en pleine poitrine. Je parai prestement, puis, armé de mon grand sabre, je l’aborde à mon tour et le couche par terre du premier coup. Ce coup avait été si vigoureusement appliqué que mon agresseur avait la tête presque entièrement partagée en deux ; il tomba comme une masse. Je me hâtai de saisir son cheval et de tourner bride au galop, car son peloton accourait, faisant feu sur moi. J’arrivai comme le vent près de mon empereur avec un petit cheval blanc arabe qui portait sa queue en panache. Plusieurs Auxerrois se souviennent encore d’avoir vu ce superbe animal, que j’avais amené ici en 1814.

L’empereur me voyant accourir près de lui : — Comment, grognard, te voilà de retour ? Mais, à qui ce cheval ?

— À moi, sire. J’avais encore mon sabre pendant et couvert de sang. J’ai coupé la figure à un grand officier bavarois qui portait un superbe panache. Il a fondu sur moi, j’ai paré et riposté, il était temps, car il était brave aussi, mon adversaire. C’est lui qui m’a