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fûmes un moment arrêtés par cet obstacle ; et si l’ennemi, profitant alors de ses avantages, eût pris l’offensive, il nous eût fallu poser les armes sans combat. Impossible de manœuvrer sur un terrain sans consistance. On enfonçait dans l’eau et dans la bourbe jusqu’aux genoux ; et si nous n’étions parvenus avec des efforts inouïs à surmonter cette position difficile, nous eussions forcément pris un bain un peu froid, moins froid pourtant que celui d’Austerlitz.

Une fois sauvées de là, nos troupes, les chasseurs surtout, se précipitèrent comme des lions sur les Bavarois. Ceux-ci, stupéfiés de tant d’audace et d’énergie, ne purent tenir un seul instant ; ils furent enfoncés au premier choc et taillés en pièces ; mais quand nous arrivâmes comme la foudre, et que notre cavalerie put faire ouvrir les rangs aux vieux grognards, le carnage redoubla. Ce fut alors le plus épouvantable spectacle que j’aie vu de ma vie, c’était une affreuse boucherie. Je me trouvais placé à l’extrême gauche des grenadiers à cheval, et je voulais suivre le capitaine pour prendre à l’affaire une part plus active.

— Non, me dit-il, vous et votre cheval, vous n’êtes pas de taille, vous gêneriez la manœuvre.

Je fus très-contrarié de cette réponse, mais je me contins et m’éloignai de quelques pas. Bientôt, en jetant un coup-d’œil à ma gauche, je vois s’ouvrir devant moi un chemin qui longe le mur d’enceinte de la ville, car il faut savoir que Hanau est entouré du côté où l’on se