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seurs, un autre de grenadiers ; deux escadrons de chasseurs et deux escadrons de grenadiers. Vous serez commandés par Friand. » Et il se promenait, parlant à tout le monde ; il n’y avait que les traînards qui n’étaient pas bien reçus. Tout cela se passait dans un grand bois de sapins qui nous dérobait aux regards de l’ennemi. Mais nous avions affaire à forte partie : l’armée bavaroise tout entière nous était opposée, et elle comptait plus de quarante mille hommes de troupes aguerries. L’empereur donne le signal, et nos bataillons s’élancent rapides comme la foudre : les chasseurs les premiers, les grenadiers ensuite. L’armée ennemie formait, sur le plateau, une masse imposante et comme un rempart mouvant et presque inabordable. En voyant partir mes vieux camarades, le frisson s’empare de moi. Les grenadiers à cheval s’ébranlent à leur tour et commencent leur mouvement d’attaque. Je me portai aussitôt vers l’empereur :

— Si Sa Majesté voulait bien me permettre de suivre les grenadiers à cheval ?

— Va, me dit-il, c’est un brave de plus.

J’étais au comble de la joie ; je n’osais lui rien demander tant je craignais de lui déplaire.

On approchait de l’ennemi ; mais pour aborder ces masses de baïonnettes qui se hérissaient devant nous, nos vieux grenadiers à pied ayaient à franchir un ruisseau qui traverse la grande route et qui reçoit les eaux des immenses marais environnant le plateau. Nous