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— Sire, je l’ai jeté dans une de vos voitures ; je ne peux plus le retrouver.

— Mais tu as eu des raisons avec le colonel sur la grande chaussée ?

— Je voulais doubler avec les ambulances, et le colonel m’a répondu qu’il n’avait pas d’ordres à recevoir de moi. Je lui ai dit : Au nom de l’empereur ! appuyez à droite. Il venait de le faire pour l’artillerie et ne voulait pas le faire pour la maison de mon empereur ! Alors je l’ai menacé de lui fendre la téte ; et l’effet eût suivi de près la menace, si nous avions eu le même grade.

L’empereur, se tournant vers le colonel :

— Eh bien ! qu’en dis-tu ? tu l’as échappé belle. Tu garderas les arrêts quinze jours pour avoir quitté le champ de bataille sans mon ordre ; et si tu n’es pas satisfait, mon grognard te fera raison.

— Sire, je l’attends, répondis-je aussitôt.

— Pour toi, me dit-il, tu as fait ton devoir. Va chercher ton chapeau et reprendre ton poste.

Combien je m’estimais heureux d’avoir été ainsi forcé d’approcher l’empereur sans chapeau. Je courus aux yoitures : mon pauvre claque était enfoui sous des banquettes, et il n’avait plus forme humaine quand je le ramassai ; les piqueurs m’entouraient et me félicitaient.

« Je suis content de vous, messieurs, leur dis-je ; je puis dire qu’en un jour j’ai fait de vous de bons soldats. »

Après que l’empereur eut réuni tous les débris