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il refusait de me laisser passer, j’ai menacé de lui fendre la tête ; et je crois que s’il avait été mon égal, je l’aurais sabré, en effet, sur le champ. Mais c’était un officier supérieur, et bien qu’il m’eût mal répondu, j’ai toujours eu tort ; je lui ai manqué de respect.

— Ne craignez rien, je me charge de tout. Allez, mon brave, vous ne serez pas puni. Vous étiez autorisé de l’empereur, et lui n’était pas à sa place.

Combien j’étais heureux et fier d’entendre, de voir ces paroles d’encouragement sortir de la bouche de mon général. J’étais fou de joie. Sur les deux heures du matin, nous apercûmes une espèce d’incendie qui s’élevait sur le champ de bataille, C’étaient les fourgons que l’on faisait brûler. On fit aussi sauter les caissons que l’on ne pouvait emmener. Cet incendie, au milieu des ténèbres, était affreux à voir. Il semblait que l’armée perdit cette nuit-là tous ses bagages.

Le 19 octobre, après une entrevue avee le roi de Saxe et sa famille, Napoléon s’éloigna de Leipsick ; il se dirigea par les boulevards qui conduisent au grand pont de l’Elster, communiquant au faubourg de Lindenau et recommanda aux officiers du génie et de l’artillerie de ne faire sauter ce pont que quand le dernier peloton sortirait de la ville. L’arrière-garde devait tenir encore vingt-quatre heures dans Leipsick ; mais les tirailleurs de Langeron, d’une part, les Badois et les Saxons, de l’autre, ayant fait feu sur les Francais, le sapeur posté au grand pont de l’Elster crut que l’ar-