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peine seize mille boulets, il était donc impossible de conserver plus longtemps le champ de bataille, et il fallut se résigner à la retraite à huit heures du soir.

L’empereur quitta son bivouac pour descendre dans la ville, et s’établit dans l’auberge des Armes de Prusse, où il passa la nuit à dicter des ordres. Nous l’attendions. Il ne vint que le lendemain ; mais le comte Monthyon fut dépêché pour donner des ordres à l’artillerie et aux troupes, et il me fit appeler :

— Eh bien ! et vos voitures ? Comment vous êtes-vous tiré de cette bagarre ?

— Bien, mon général, toute la maison de l’empereur est sauvée, le trésor et les cartes de l’armée, tout enfin, rien n’est resté en arrière, j’ai tout conservé ; mais j’ai dix boulets qui ont entamé mes voitures, et deux de mes piqueurs qui sont légèrement blessés.

— Et votre chapeau ?

— Je l’ai jeté dans une voiture, où je ne puis plus le retrouver. Ensuite je lui contai mon affaire du défilé avec le colonel, il me dit qu’il en ferait son rapport à l’empereur.

— Soyez tranquille, ajouta-t-il, je verrai l’empereur demain matin. Qu’il se présente, le colonel, lui qui devrait être encore sur le champ de bataille pour ramasser nos généraux blessés et tombés au pouvoir de l’ennemi. Il va avoir un savon de l’empereur. Vous étiez à votre poste et lui n’était pas au sien.

— Mais, général, c’est que je l’ai mené dur. Comme