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tances et tout le monde obéit ; ma route déblayée, je repassai devant le colonel qui me dit d’un air courroucé : je rendrai compte de votre conduite à l’empereur.

— Faites votre rapport, lui répondis-je, je ferai le mien, et n’irai qu’après vous, je vous en donne ma parole.

Je passai le grand pont de l’Elster ; à gauche de ce pont est un moulin, et entre les deux, un gué où toute l’armée pouvait facilement passer. Cet endroit est le seul qui permette de traverser sans danger cette rivière, peu large, mais encaissée et très-profonde. Les bords en sont élevés, taillés à pic, et l’Elster fut le tombeau du brave Poniatowski. Je montai sur le plateau avec mes dix-sept voitures, et fus me placer derrière cette belle batterie qui m’avait protégé. Là, j’attendis les ordres de mon empereur, que j’avais laissé à Leipsick, où je vais reprendre mon récit.

Au fort de la bataille, les Saxons abandonnèrent, comme je l’ai dit, les rangs de l’armée française, et se réunirent aux Russes pour nous combattre. Cette infâme défection contribua puissamment à compromettre le succès de nos armes. Cependant, quand la nuit vint, les deux armées occupaient les mêmes positions qu’au commencement de la bataille, nos troupes ayant soutenu et vaillamment repoussé les attaques de quatre armées réunies. Mais les munitions commençaient à manquer. Nous avions tiré, dans Ja journée, quatre-vingt-quinze mille coups de canon, et il nous restait à