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de me céder la moitié du chemin. Il me répondit d’abord qu’il ne le pouvait pas.

— Vous venez bien de le faire pour le parc d’artillerie, lui dis-je un peu vivement, car ma tête commençait à s’échauffer, vous pouvez bien continuer d’appuyer à droite, afin de nous laisser passer.

— Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous.

— Est-ce votre dernier mot, colonel ?

— Oui, me dit-il.

— Eh bien ! au nom de l’empereur ! appuyez à droite de suite, ou je vous bouscule de cheval. Et, tirant mon grand sabre, j’appuyai ces mots d’un mouvement énergique, poussant du poitrail de mon cheval celui du colonel. Faites appuyer à droite, vous dis-je. En voyant que je le serrais de si près et que j’avais le bras levé, il fait mine de mettre la main à son épée. Si vous dégaînez, ajoutai-je, vous êtes mort ; je vous fends la tête. Il appelle des gendarmes à son secours ; mais ils ne se pressèrent pas de venir et s’en défendaient même en disant :

« Vous avez affaire au vaguemestre de l’empereur, démêlez votre affaire avec lui, cela ne nous regarde pas. »

Le colonel hésitait, mais, moi, sans hésiter et me retournant vers ses ambulances : « Appuyez à droite, leur criai-je d’une voix de tonnerre, ou je vous coupe la figure à tous. »

L’énergie de mes ordres acheva de vaincre les résis-