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Je retourne au galop vers mon convoi : Nous sommes sauvés ! dis-je aux piqueurs. Nous passerons ; faites atteler.

Je fais conduire la pièce de canon capturée, avec mes deux Italiens, et je la remets à cet aimable colonel.

De retour à la tête du petit pont où mes voitures arrivaient, je trouvai les vingt hommes que m’avait promis le colonel, et, avec leur aide, le passage s’effectua sans embarras et sans retard. Le pont traversé, je remerciai les canonniers et les priai de rejoindre leurs corps. Ils partirent au galop et marchaient si vite que, parvenu a l’entrée du grand défilé, je n’apercevais plus rien du parc d’artillerie : tout avait fui derrière la montagne pour y prendre position. Je rencontrai seulement les ambulances de l’armée, commandées par un colonel de l’état-major de l’empereur, dont les voitures occupaient le milieu de la chaussée.

Mon premier piqueur pria le colonel de vouloir bien nous en céder la moitié.

— Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous : telle fut la réponse sèche et brusque qui lui fut faite.

— Je vais, repartit mon homme sans se déconcerter, faire part de votre refus à l’officier qui commande le convoi.

— Qu’il vienne, dit le colonel d’un ton dédaigneux, je l’attends.

Mon piqueur arrive et me rend compte de ce qui venait de se passer. Je pars au galop et je prie le colonel