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pars sur un joli bidet, fier comme un pacha à trois queues. J’arrive dans une belle maison, au milieu d’une belle cour. Une dame paraît ; sans doute elle devine qui je suis, car elle me demande si mon maître ne vient pas avec moi ; je lui réponds qu’il ne viendra que le lendemain. — Allons, dit-elle, qu’on mette le cheval à l’écurie et vous, venez avec moi. — Aussitôt je fus assailli par quatre grosses filles qui se mettent à crier : ah ! le voilà ! le petit morvandiau ! — Combien ce nom me faisait de peine ! — Madame voyant ma confusion, les renvoya à leur ouvrage, et moi, débarrassé d’elles, je la suivis. Qu’elle était belle, madame Potier ! quelle surprise pour moi de voir une si belle femme et un si vilain mari. Heureusement ils étaient aussi bons l’un que l’autre. — Elle me traita, comme il m’avait traité jusqu’alors ; elle m’installa dans la maison, et m’encouragea à justifier les éloges que ces messieurs dans leurs lettres avaient déjà faits de moi.

M. Potier arriva le lendemain. Pendant huit jours, il m’emmena dans toutes ses propriétés, m’annonçant que j’aurais souvent à m’y promener pour surveiller les fermiers et les laboureurs.

Le neuvième jour, un orage épouvantable éclate sur le pays. Voilà les eaux qui se précipitent de toutes parts et inondent la maison. Les maîtres bloqués chez eux ne pouvaient sortir, les écuries étaient envahies. Il y avait surtout trois étables à porcs dans lesquelles les malheureux animaux restaient menacés d’une mort