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gèrement. Un coup de canon à mitraille avait enlevé deux boutons à l’un et percé l’habit de l’autre ; j’avais reçu dix boulets dans mes voitures. Un seul cheval était blessé ; mais tout cela était peu de chose, et cinq minutes après cette suée, me trouvant hors de danger, je n’y pensais plus.

J’arrivai à l’embouchure du défilé qui Jonge la promenade, et ou se trouve un petit pont en pierre, qui reçoit les eaux des marais situés sur le flanc droit de la ville. C’était le seul endroit par où je pouvais passer. Il me fallait donc nécessairement traverser ce ponceau pour gagner la chaussée qui aboutit au grand pont sur l’Elster. Je délibérais en moi-même sur les moyens à prendre, lorsque je vois devant moi un parc d’artillerie qui enfilait le petit pont ; je pars au galop ; je trouve le colonel qui faisait défiler ses canons ; je l’aborde :

— Colonel, au nom de l’empereur ! veuillez me prêter votre concours ; voilà les voitures de l’empereur, le trésor et les cartes de l’armée, et j’ai ordre de les conduire au-delà du fleuve.

— Très-bien, mon brave, me dit le colonel ; sitôt passé, tenez-vous prêt ; je vous laisserai vingt hommes pour vous aider à traverser le pont.

— J’ai rencontré, ajoutai-je, une pièce de canon qui était là-bas abandonnée. Je l’ai prise et vous la remets tout attelée avec deux artilleurs.

— À merveille : allez, dit-il à deux de ses canonniers, allez chercher la pièce et amenez-la moi.