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— En avant ; placez-vous à la tête des voitures de l’empereur ; je vous sauverai. Allons, au galop !

J’étais fier d’avoir capturé cette pièce et de pouvoir l’utiliser, au besoin, pour m’ouvrir un chemin. Une fois défilant sur le premier boulevard, je donne l’ordre à mes gens de ne pas se laisser couper ; mais j’ignorais le grand péril dans lequel nous allions nous jeter. Parvenu sur le second boulevard, je vais pour me faire donner du feu à un bivouac sur ma droite, au bas côté de la promenade. Ma pipe n’est pas sitôt allumée qu’un obus tombe près de moi. Mon cheval fait un saut et se cabre ; je ne perds pas l’équilibre ; puis yoilà les boulets qui nous prennent en flanc et qui traversent mes voitures. Le vent soufflait avec violence. Ne pouvant plus tenir mon chapeau sur ma tête, je le prends et le jette dans la première voiture venue. Libre alors, je tire mon sabre, et me portant le long des attelages, je criai à tous les piqueurs : Maintenez vos positions. Je parlais très-haut à dessein, pour que les postillons eux-mêmes m’entendissent, et j’ajoutai : Celui qui mettra pied à terre, pas de quartier, il faut lui brûler la cervelle. Vos pistolets au poing ! Quant à moi, le premier qui flambe, je lui fends la tête. Il faut savoir, au besoin, braver les périls et mourir à son poste. Les voitures de notre maître sont confiées à notre garde, sauvons-les.

Deux de mes piqueurs avaient été atteints, mais lé-