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infamie de l’armée saxonne, qui changeait d’attitude et tirait sur nous au lieu de combattre dans nos rangs, je tournai bride et m’éloignai. Grâce à la vigueur de mon cheval, je pus rejoindre promptement mon poste que je n’aurais pas dû quitter. C’est par exces de zèle que j’ai failli périr ce jour-là ! L’empereur, instruit de ce qui se passait, remédia promptement au mal. Ma position était des plus critiques ; je l’avais compris aussitôt, et en attendant des ordres qui ne pouvaient tarder de m’arriver, je fis brider et monter à cheval. Deux minutes après, un aide-de-camp arrive au galop : « Partez de suite, capitaine ; portez-vous derrière l’Elster : c’est l’ordre de l’empereur ; longez les boulevards, et suivez les défilés de la grande chaussée. Mettez-y toute la célérité possible. Les Saxons viennent de nous tourner le dos. » Je le savais avant lui. Il n’avait pas achevé que je donnais à mes gens l’ordre de démarrer ; les voitures s’ébranlent aussitôt. Je place le premier piqueur à la tête de mes dix-sept attelages, dont je surveille et active le mouvement. Nous marchions vite, mais sans ancun désordre. Arrivé près du boulevard, je trouve une pièce de canon attelée de quatre chevaux et deux cavaliers auprès :

— Que faites-vous là ? leur criai-je.

— Ils sont morts, me répondent-ils en italien.

Ils n’avaient probablement pas compris ma question, et j’ajoutai aussitôt, avec un geste significatif :