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et les marmites sont au feu. Le lendemain, 18 octobre, de grand matin, l’armée coalisée prit encore l’initiative de l’attaque. J’apercevais, du fond de mon enclos, les divisions françaises qui s’ébranlaient et se portaient en lignes vers le lieu du combat. De ma position, je découvrais toute l’étendue du front de bataille. De fortes colonnes autrichiennes débouchaient des forêts voisines et dirigeaient leurs masses sur notre armée. Voyant passer une forte division d’infanterie saxonne qui marchait sur l’ennemi avec douze pièces de canon, je donne l’ordre à tous les attelages d’avaler la soupe en toute hâte, de brider et de se tenir prêts à partir. « Je vais, dis-je au premier piqueur, monter à cheval pour suivre un peu ce grand mouvement ; veillez bien, il ne faut pas nous laisser surprendre. » Je pars au galop sur la ligne ; je suis le centre de la division saxonne qui marchait en bataille. Je n’avais pas fait un quart de lieue que la division fait demi-tour, Mais, me disais-je, les voilà à demi-portée de canon, et ils ne tirent pas sur les Autrichiens et les Russes. Cinq minutes après, ils tournaient le dos à l’ennemi et nous faisaient face, c’est-à-dire qu’ils formaient l’avant-garde des Russes et se mirent bientôt à nous envoyer leurs bordées. Surpris de cette défection et de cette attaque inattendue lorsque je me croyais en complète sûreté derrière nos troupes, je me vis assailli de tous les côtés par des feux ennemis. Mais pas une de leurs balles ne me toucha, ni moi ni mon cheval. Du reste, en voyant cette