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entre dans la redoute et les assiégeants mettent bas les armes. La pluie nuisait à la fusillade, aussi l’on se rendit à discrétion et Gagnard revint triomphalement avec ses prisonniers au milieu de sa compagnie. Je courus au devant de ce vieux et brave camarade Gagnard, (nous avions été dans la méme compagnie), je l’embrassai avec effusion et le prenant par le bras je le conduisis dans la grande redoute, auprès de lempereur qui la commandait. — C’est très-bien, mon brave, lui dit l’empereur, je suis content de toi, tu vas passer dans mes vieux grognards. Je fais ton lieutenant, capitaine, ton sous-lieutenant, lieutenant, et ton sergent-major sous-lieutenant. Va, prends soin de tes prisonniers dont je te confie la garde. Il pleuvait si fort en ce moment que le chapeau de l’empereur, trempé d’eau, lui tombait sur les épaules.

Cette grande redoute, établie sur une hauteur, dominait toute la plaine et permettait à Napoléon de voir les mouvements des deux armées, Elle était défendue par seize pièces de seize de la garde impériale. La prise de cette autre redoute ennemie, dont venait de s’emparer Gagnard, avait permis à la vieille garde de se porter immédiatement en ligne de bataille et nos troupes se trouvaient toutes rangées en ligne dans une vallée qui fait face à un rideau très-élevé. La droite s’appuyait sur la route de France. Trois officiers, au nombre desquels je me trouvais, furent désignés pour porter des ordres sur tout le front de bataille.