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soldats. L’empereur se multipliait : présent partout, il dirigeait tous les mouvements, encourageait tous les efforts. Sa garde, postée dans une rue de la ville, ne pouvait sortir pour déboucher dans la plaine sans être foudroyée par une redoute qu’occupaient huit cents coalisés et qui faisait face à la porte de sortie. La batterie ennemie était à cent pas environ des palissades de l’enceinte. Elle inquiétait la ville, condamnait la garde à l’inaction, il importait donc de s’en rendre maître. L’empereur se décide à la faire enlever de vive force ; il fait venir un capitaine de fusiliers de sa garde, nommé Gagnard et natif d’Avallon. Ce brave officier se présente la figure légèrement de travers. — Qu’as-tu à la joue ? lui demande l’empereur.

— C’est mon pruneau, sire.

— Tu chiques donc ! eh bien ! vois cette redoute, attagues-la et prends-la ou te fais tuer toi et tes hommes.

— Çà suflit, sire, répond l’officier avec le plus grand sang-froid.

Il part aussitét, longe les palissades en marchant par le flanc et, arrivée à la barrière de la redoute, sa compagnie fait halte et lui se présente seul pour passer ; l’officier ennemi qui tenait la barre des deux portes voyant arriver un homme seul, ouvre sans défiance et croit avoir affaire à un officier qui vient se rendre. Mais Gagnard, sans perdre de temps, lui passe son sabre au travers du corps, appelle sa compagnie qui