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sa marche et fit dresser les tentes du quartier impérial sur la droite de la route, puis, rentré dans le carré de la garde, il y passa le reste de la soirée, assis devant sa tente, la tête baissée et les mains jointes. Nous étions la tous autour de lui, silencieux, immobiles et dans l’attitude de la douleur. Les maréchaux et les principaux officiers de l’armée fixaient tristement les yeux sur l’empereur. — Pauvre homme, se disaient entre eux les vieux grenadiers, il a perdu son meilleur enfant ! — À la nuit close, l’armée ayant pris ses positions, Napoléon sort du camp accompagné seulement du prince de Neufchâtel, du duc de Vicence et du docteur Yvan. Il veut voir son cher Duroc et l’embrasser une dernière fois. Jamais on ne vit scène plus déchirante ; aucun de ceux qui en étaient témoins ne put contenir son émotion. L’empereur lui-même, rentré au camp et en proie à une agitation douloureuse, se mit à se promener seul devant sa tente. Personne n’osait l’aborder. Le maréchal Duroc mourut dans ia nuit.

L’armée se remit en marche le 28 mai. L’empereur établit son quartier général le 25 à Buntrlau, le 27 à Lugnitz, le 29 à la ferme de Rosnig, d’où un incendie considérable le délogea, et enfin le 30 à Neumark, sur la route de Breslau, qui fut toute occupée le 1er juin. Après de nombreuses conférences entre le duc de Vicence et les commissaires russes et prussiens, un armistice fut conclu le 4 à Plesswitr et ratifié le lendemain par le prince de Neufchâtel, au nom de l’em-