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heures après l’empereur établissait son quartier général à Bautzen.

Le lendemain matin, dès 5 heures, le canon recommençait à gronder et l’action s’étendait sur une plus vaste ligne. Vaincu sur tous les points, l’ennemi se décida enfin à battre en retraite et s’enfuit, laissant sur le carreau les dix-huit mille hommes tués ou blessés que lui avaient coûtés ces deux journées, non compris trois mille prisonniers. De notre côté nous avions perdu environ douze mille hommes. Le 22, à quatre heures du matin, l’armée se mit à la poursuite de l’ennemi qui s’était replié sur les hauteurs, entre Reichenbach et Marckersdorf ; il fut délogé de cette position après une chasse meurtriére que lui donna la cavalerie de Latour-Maubourg. C’est sur ce plateau que le général de cavalerie Bruyères eut les deux jambes emportées par un boulet. Comme nous poursuivions les Russes sur la grande route, deux coups de canon retentirent tout près de nous sur la droite. L’empereur s’arrêta aussitôt et envoya Duroc pour s’assurer de ce que c’était. Duroc, accompagné du général Kirgener, se dirigea vers un monticule en avant de Markersdorf, et il gagnait à peine cette hauteur qu’un nouveau boulet, parti de la droite, venait ricocher près d’eux et atteindre les deux généraux. Kirgener mourut sur le coup, Duroc ne lui survécut que quelques heures. Visiblement ému de la perte qu’il allait faire du grand maréchal de son palais, l’empereur ordonna que la garde suspendît