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de Lutzen. Alors je leur ai fait donner les meilleures voitures et les plus beaux chevaux, en leur recommandant de retourner chez eux par les chemins de traverse. J’ai cru trouver là, mon général, une bonne occasion pour reconnaître la conduite généreuse des jeunes gens de Lutzen, dites-moi si j’ai bien fait ?

— Très-bien, mon cher capitaine, et tu peux être sûr que j’en informerai le ministre.

Le lendemain, je parus à la table du général Monthyon avec mes belles épaulettes et une torsade neuve à mon chapeau. Elles m’avaient coûté 220 francs, mais aussi c’était ce qu’il y avait de plus beau. Après déjeûner, nous montons à cheval, le général, son aide-de-camp et moi, et nous poussons une reconnaissance sur la route de Bautzen afin de voir l’emplacement destiné aux troupes et de pouvoir rendre compte a l’empereur, à notre retour. C’est ce qui eut lieu. À la suite d’une longue conférence tenue chez l’empereur même, des officiers d’état-major furent expédiés, la nuit, pour porter des ordres sur toute la ligne. Le 19 mai, Napoléon se porta lui-même sur la ligne devant Bautzen et se prépara à une bataille générale contre l’armée russe. L’empereur Alexandre se trouvait aussi là en personne. Le 20 mai, à 8 heures du matin, toutes ses dispositions étant prises, Napoléon donna l’ordre de commencer le feu : une canonnade des plus vives s’engagea vers midi et dura cinq heures sans interruption. À 7 heures la victoire se déclarait pour nous et deux