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obligée ; mais, ce qu’il y avait de plus curieux, c’était de voir de simples officiers, des sergents-majors même qui se présentaient au passage, montés sur de beaux chevaux. Je faisais descendre ces nouveaux cavaliers et m’emparais de leurs montures. Je saisis également une foule de voitures traînées par des bœufs. Par mon ordre, ces chevaux sellés et bridés furent envoyés, à l’artillerie d’abord qui fit son choix, puis à la cavalerie, pour la remonter un peu. Les bœufs furent conduits au grand parc. Tout ce butin était de très-bonne prise et je ne faisais qu’obéir aux ordres qui m’avaient été donnés. Quelques juifs (il s’en trouve partout) venaient parfois me montrer de l’or tout neuf, me marchandant quelques-unes de mes captures. Je cherchais d’abord à les éconduire avec quelques mots énergiques. S’ils insistaient, je leur répondais à coups de plat de sabre sur le dos. Enfin, telle fut mon exactitude et ma fermeté dans l’exécution de ma consigne, qu’il en fut parlé jusque dans le cabinet du prince Berthier, ministre de la guerre. — À présent, lui dit le général Monthyon, le vieux grognard fait marcher tout le monde à pied. — Fais-le venir, lui dit Berthier, et dis-lui que je le nomme capitaine à l’état-major général de l’empereur, sans que pour cela il cesse Jes fonctions qu’il remplit en ce moment. Et aussitôt il donna l’ordre d’expédier ma lettre de nomination. Le soir, comme je rentrais à l’hôtel, mon général, sitôt qu’il m’aperçut, se mit à rire et me dit en s’approchant :