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leur courage. Ils ont déployé à nous servir tant de bravoure et d’humanité, que j’en ai toujours gardé souvenir et reconnaissance et je n’ai pas voulu passer sous silence un trait aussi honorable et qui trouvera, je suis sûr, de grandes sympathies dans tous les cœurs, mais surtout dans les jeunes gens qui me liront.

Cependant, je faisais parquer les équipages, conformément aux ordres de l’empereur, avec une forte escorte de gendarmerie d’élite. Le soir, on formait un grand carré dans l’intérieur duquel étaient placés tous les chevaux. Les voitures disposées bout à bout rendaient le carré impénétrable. Quant à celles qui n’avaient aucun droit, je me réservais de les pincer plus tard, au passage du premier pont. L’occasion ne tarda pas à se présenter.

Le 3 mai, lendemain de la bataille de Lutzen, l’armée française passait l’Elster ; le quartier général arriva le 7 à Vossen, et le 8 au matin, il parut devant Dresde où l’armée entra à midi. Le 12, l’empereur fut à la rencontre du roi de Saxe, qui revenait de Prague, où il s’était retiré, et il le conduisit jusqu’à son palais, au bruit mêlé des cloches et des salves de l’artillerie.

Avant d’entrer à Dresde, je dus me porter au passage du pont. J’avais reçu ordre de ne laisser passer que les équipages des états-majors des corps d’armée ayant droit de passer. Cet ordre paraissait un peu dur : il fut pourtant exécuté en tous points. Je faisais dételer sur le champ toute voiture qui ne portait pas la plaque