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il se trouva en présence de l’avant-garde russe et la débusqua vivement de ses positions.

L’armée frangaise bivouaqua entre Lutzen et Pegau sur la route de Leipsig, et le lendemain 2 mai eut lieu la mémorable bataille de Lutzen, dont le succès est dû entièrement à l’infanterie française, à nos valeureux conscrits qui, sans être soutenus par aucune cavalerie, mirent en déroute complète les armées russe et prussienne, commandées par l’empereur Alexandre et le roi Frédéric-Guillaume, en personne. On ne peut se faire une idée de l’acharnement de nos troupes près du village de Kaya, en avant de Lutzen. Les russes en avaient rasé les murs pour faire des redoutes, semé les abords de sauts-de-loup et de chausse-trapes, mais tous ces pièges furent inutiles.

L’empereur Napoléon, placé sur une colline, dominait le champ de bataille et pouvait suivre de l’œil tous les mouvements des troupes. Au milieu de la mêlée, un spectacle singulier s’offrait à sa vue ; trente ou quarante jeunes garcons ou jeunes filles étaient venus de Lutzen, se mêler aux combattants pour recueillir les blessés et les déposer en lieu sûr. Ces braves gens se multipliaient autour de nous et volaient au secours de nos soldats jusque sous les balles de l’ennemi. Ils paraissaient heureux de nous offrir leurs services et n’avaient pas plutôt déposé les blessés à l’ambulance qu’ils revenaient bien vite sur le champ de bataille en ramasser d’autres.

— Notre présence semblait doubler leurs forces et