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était d’opérer sa jonction avec le vice-roi ; mais il fut trompé dans son attente : les Russes et les Prussiens se portèrent au devant de Napoléon à marches forcées pour le surprendre, longêrent notre gauche, et se dérobèrent à la vigilance du vice-roi.

Dès qu’ils eurent atteint l’empereur, ils lui livrèrent bataille. À peine il se vit attaqué qu’il fit toutes ses dispositions et dépêcha un aide-de-camp au prince Eugène pour le prévenir qu’il était aux prises avec l’ennemi. Aussitôt le prince Eugène, rapide comme la foudre, lève son camp, marche en avant, et vient trouver l’empereur qui le reçoit dans ses bras comme un sauveur.

— Tenez bon, lui dit Eugène, avant peu je vous dégagerai.

En effet, il part au galop, arrive à la tête de ses colonnes, traverse des marais où rien ne l’arrête, prend l’ennemi en flanc, le force à la baïonnette, et dégage l’empereur. L’ennemi battit en retraite sur la route de Lutzen, laissant sur le champ de bataille beaucoup de monde, tant morts que blessés ou prisonniers. Ce fut le triomphe du prince Eugène ; là il se couvrit de gloire, là il sut inspirer à nos jeunes conscrits tout l’aplomb des soldats les plus aguerris. L’empereur se rendit à Naumbourg le 28 avril, et, le 1er mai, l’armée continua sa marche sur Leipsick.

Le troisième corps formait l’avant-garde sous les ordres du maréchal Ney. Vers neuf heures du matin,