Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée
77

rait avoir pour aide-de-camp le vaguemestre Coutant, et pour vaguemestre le lieutenant Coignet :

« Coignet, dit-il, est un bon serviteur, il a rendu d’excellents services à l’armée par sa sévérité dans l’ordre de marche des équipages. Il a exécuté avec beaucoup de discernement l’ordre que je lui avais donné de faire brûler tous les équipages qui nuisaient à l’armée ; j’ai besoin de lui comme vaguemestre pour continuer cette exécution. » Le ministre me nomma, sur cette demande, à l’emploi de vaguemestre du grand quartier général de l’empereur, en date du 28 décembre 1812. Toutes mes craintes se dissipèrent alors, et je ne redoutai plus de passer dans la ligne, sûr que j’étais de rester près de l’empereur. Cependant il ne se faisait guère faute de me donner des missions dangereuses. Fallait-il changer le mot d’ordre sur le champ, il faisait appeler le vieux grognard.

« Pars, me disait-il, et reviens, si tu peux. »

Les ordres qu’il me donnait étaient écrits en chiffres, pour que l’ennemi n’en pût profiter. Je revenais toujours sans blessures ; aussi me regardait-il comme un gaillard heureux, bon à lâcher dans le besoin ; et quand je rentrais, j’étais payé d’un sourire gracieux qu’il me jetait à la dérobée. Sa parole était brève ; il était vis-à-vis de nous dur et sévère, mais en même temps bon et juste ; je me tenais toujours à distance, et j’avais le frisson quand il me parlait. Telle