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Je lui tendis la main, et il ajouta :

— Retenez bien ceci, je vais vous donner un moyen de vous guérir complètement : votre pied va craindre tout à la fois le froid et la chaleur ; préservez-le de l’air, et laissez-le longtemps enveloppé comme il est ; mais dès que vous serez arrivé à la saison des fraises, écrasez-en deux ou trois livres dans un plat ; faites-vous une compresse ; renouvelez ce remède assez souvent, et vous ne ressentirez jamais de douleur. Je remerciai affectueusement cet excellent homme.

— Et vous, monsieur le bottier, m’écriai-je, voilà les vingt francs que je vous ai promis hier.

— Pas du tout, me dit celui-ci, mes déboursés seulement, c’est tout ce qu’il me faut.

— Combien, lui dis-je ?

— Dix francs.

— Ah ça ! vous vous êtes donc entendus tous deux ; buvons alors un verre de punch au rhum.

— Merci, dirent-ils, vous n’avez pas besoin de dépenser inutilement votre argent. Adieu. Et ils partirent. Je suivis exactement l’ordonnance du médecin ; il m’en coûta près de douze francs de fraises, mais je dois dire que je ne m’en suis jamais ressenti.

Après avoir quitté mon docteur et mon bottier, je me rendis au palais pour prendre les ordres du comte Monthyon, chez qui je trouvai le prince Eugène et le prince Berthier. Le comte Monthyon profita de ma présence pour dire au ministre de la guerre qu’il dési-