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bras, je lui promis de rendre compte à mon souverain de sa conduite à mon égard. Il me présenta encore un verre de liqueur que j’avalai d’un trait, un morceau de pain que je serrai dans ma poche ; je m’élançai sur mon cheval et partis au galop.

Pendant une lieue, je fendis le vent sans m’occuper de ma pauvre monture. Lorsque j’atteignis nos éclaireurs, je me sentis transporté de joie, et je respirai tout à mon aise. Ce fut alors seulement que je mordis et dévorai le morceau de pain que le maire m’avait donné. Bientôt après, je rencontrai le gros de l’armée qui marchait silencieusement. Le froid devenait de plus en plus intense, les routes étaient couvertes de verglas. et les chevaux glissaient et tombaient à tout moment. Enfin je me présentai chapeau bas devant l’empereur, entouré de tout son état-major :

— Comment, te voilà ! Et ta mission ?

— Elle est remplie, sire.

— Comment n’es-tu pas pris ? Tes dépêches, qu’en as-tu fait ?

— Les cosaques s’en sont emparé.

— Que dis-tu ?

— La vérité, sire. Arrivé chez le maire, je lui ai remis mes dépêches ; au même moment, les cosaques sont arrivés, le maire m’a caché dans un four.

— Dans un four ?

— Oui, sire, où je n’étais pas à mon aise, et où j’ai eu bien peur de rester. Bref, les cosaques ont passé