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devant moi ; on nous donna à chacun un bon cheval du pays. Je sautai sur le mien et partis comme la foudre. La route était toute couverte de neige ; cependant nos chevaux ne glissaient pas trop.

J’eus le bonheur d’arriver à ma destination sans aucune rencontre fâcheuse, et quand je mis pied à terre, mon guide me fit connaître au maire du pays où j’avais ordre de m’arrêter. Celui-ci fit conduire nos chevaux dans une écurie voisine, et quand je lui eus remis mes dépêches, il me présenta un verre de liqueur dont il but d’abord la moitié pour m’ôter toute inquiétude : « Buvez, » me dit-il en français et en décachetant mon paquet. Puis il reprit : « Mais il est impossible que je puisse faire apprêter une aussi grande quantité de rations que votre souverain me demande ; il me faudrait un mois pour cela ; cependant, ajouta-t-il, je vais faire tout ce que je pourrai. » À peine achevait-il ces derniers mots que les gens qui avaient conduit nos chevaux revinrent en criant avec effroi : cosaques ! cosaques ! Je me crus perdu ! Aussitôt le brave homme chez qui j’étais me fit sortir de son cabinet, puis me prenant par les épaules, il me poussa dans un four où je me trouvai blotti sans avoir le temps de la réflexion. Ce four était au ras de terre, voûté, et très-long ; il y avait peu de temps qu’on l’avait allumé, ear il était encore chaud, quoique d’une chaleur supportable. Je n’eus pas, du reste, le temps de m’y retourner, Je me blottis comme je pus, et je dois avouer que j’éprouvai la plus