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de faire évacuer les hôpitaux. Quand j’eus terminé mon pénible service, je rentrai au petit quartier général ; nous étions logés chez une princesse qui nous traitait fort bien, et je pus me donner quelques jours de repos.

Mais déjà l’on se disposait à évacuer la ville. L’empereur fit enlever de Moscou de nombreux trophées, et entre autres la croix du tombeau du czar, haute de trente pieds, tout en argent massif. On chargea ces dépouilles dans de grands fourgons qui furent confiés au général Claparède avec un bataillon d’escorte. C’est ce riche convoi qui partit le premier pour la France et bientôt fut suivi de toute l’armée.

Nos échecs commencèrent par celui qu’éprouva Murat. Il avait été chargé d’attaquer les Russes et de les refouler. Il se fit au contraire battre par eux, perdit son artillerie, ses bagages et un grand nombre de soldats. Je fus envoyé pour savoir au juste ce qui était arrivé. Mais je ne pus voir le prince Murat ; je ne rencontrai que des fuyards me disant : Ils l’ont pris au lit. Nous sommes battus. Je fus obligé de revenir sans aucun détail précis. En route, je rencontrai l’empereur : Eh bien ! me dit-il, as-tu vu Murat ? — Non, sire, je n’ai rencontré que des cavaliers en déroute. — À ces mots, il m’envoya rejoindre le comte Monthyon et partit au galop.

Pendant quelques jours encore nous continuâmes à poursuivre les Russes et à marcher en avant ; mais le