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furent enfoncées : le rez-de-chaussée et le premier étage étaient encombrés de paysans et de soldats russes. Tous ces gens furent massacrés. Je laissai le prince Murat descendre de l’autre côté de la ville pour se porter sur la route de Kalouga, et j’entrai dans le Kremlin pour remplir ma mission. J’étais accompagné des gardes du palais. Quand j’eus terminé ma visite, j’eus la curiosité de voir la fameuse cloche qui, en tombant de la charpente qui la supportait d’abord, s’est enfoncée dans le sol de quarante-cinq pieds de profondeur. On a déblayé le tour de cette monstrueuse cloche, et on l’a environnée d’un rempart de briques. Sa grosseur extraordinaire en fait une véritable curiosité.

L’empereur, en entrant dans Moscou, ne vint pas tout d’abord au Kremlin. Il y envoya sa garde et établit son quartier général dans le faubourg. Mais il fut bientôt forcé de se réfugier dans le palais pour échapper à l’incendie qui se déclara dans les deux villes basses. — Je ne raconterai pas les épisodes d’un événement si connu et si épouvantable. On prétendait alors que dix mille individus avaient été chargés par Rostopchin d’alimenter l’incendie. Pour comble de malheur, le feu était excité par un vent tellement fort que les débris calcinés volaient à près de deux lieues. C’était là le prélude de tous nos désastres.

Je fus employé comme adjoint, ainsi que deux de mes camarades, près d’un colonel d’état-major chargé