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Je pars au galop, et traversant le champ de bataille au milieu d’une grêle de boulets, j’arrive près de l’empereur. En soulevant mon chapeau pour le saluer, je m’aperçois que la corne de derrière avait été coupée par un projectile quelconque : Tu l’as échappé belle, me dit-il, — En effet, il ne s’en fallait pas d’un demi-pouce pour que j’aie subi le sort de Caulaincourt.

Quelques jours après la bataille de la Moskowa, j’eus le plaisir d’être désigné par l’empereur pour aller avec vingt gendarmes rejoindre devant Moscou le prince Murat, afin de visiter les caveaux et souterrains du Kremlin. On m’adjoignit l’interprète, M. Rosset.

Le lendemain à dix heures, je remettais mes dépêches au prince Murat. Mon chapeau écorné le fit rire. Nous allons partir, me dit-il, vous me suivrez avec vos gendarmes. — Arrivés près du pont de Moscou, nous trouvâmes les autorités et un général russe qui présentèrent les clés au prince. Après les cérémonies d’usage, nous fîmes notre entrée dans cette belle capitale. Nous étions précédés de quatre pièces de canon, d’un bataillon et d’un piquet de cavalerie. Tout le peuple était aux croisées pour nous voir passer. Nous avancions au petit pas dans une belle rue qui nous conduisit au pied du Kremlin.

En tournant à droite pour passer près du tombeau des czars, nous fûmes assaillis d’une grêle de balles parties des croisées de l’arsenal qui plongeaient sur nous, Nous fîmes demi-tour ; en un instant les portes