Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée
58

Les Français et les Russes éprouvèrent dans cette affaire des pertes considérables qui furent évaluées de chaque côté à plus de sept mille hommes.

L’empereur apprit que le maréchal Davoust avait dépassé sa ligne d’opération de trois lieues en voulant franchir une forêt sans la fouiller. Il pouvait avoir ses communications coupées par les Russes. L’empereur m’expédia sur le champ pour lui dire de rétrograder. Le maréchal commença aussitôt son mouvement de retraite et me renvoya près de l’empereur. Comme toute la route était encombrée de troupes, je pris un chemin de traverse qu’on m’avait indiqué et je mis mon cheval au galop pour gagner la tête de la division. Tout-à-coup je me trouve face à face avec les débris d’une colonne russe qui était en plein bois et qui fuyait devant l’armée française. La position était critique. Mais je ne perdis pas la carte. Je me mis à crier d’une voix de Stentor : En avant ! en avant ! et aussitôt je rebroussai chemin de toute la vitesse de ma monture. Sans doute les Russes crurent que j’étais à la tête d’un détachement et que je courais à leur poursuite, ils se précipitèrent dans toutes les directions et leur frayeur fit mon salut,

Il ne m’arriva plus rien qui vaille la peine d’être raconté jusqu’à la fameuse bataille de la Moskowa. On sait que, dans cette terrible journée, tous les efforts de l’empereur tendirent à emporter cinq redoutes qui foudroyaient notre droite. Plusieurs fois l’infanterie les