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son bivouac ? — Non, mais je vais vous conduire au poste, on le saura peut-être,

En effet, l’officier qui commandait ce poste me fit mener à la tente de l’empereur. On me croyait pris. Je racontai mes aventures, et l’empereur donna ordre au comte Monthyon de me payer mes frais de route, mes deux chevaux, ainsi que les soixante francs que le paysan avait si bien gagnés.

Le lendemain matin, qui était le 17 août, l’armée fit son entrée dans Smolensk.

Les Russes occupaient les hauteurs qui dominent la ville et nous criblaient d’obus et de boulets. Il fallut tourner ces hauteurs pour s’en rendre maîtres. Quand nous eûmes franchi les portes de la ville, qui étaient barricadées avec des milliers de sacs de sel et de terre, il nous fallut pénétrer dans des rues embrasées et nous rendre maîtres du feu qu’avaient allumé les projectiles incendiaires des deux armées. Une grande partie de cette magnifique place forte fut la proie des flammes. Si la prise nous coûta cher, les Russes firent aussi des pertes énormes.

Nous restâmes quelques jours à Smolensk.

Les maréchaux Davoust, Ney et Murat prirent l’avance pour explorer la longue suite de forêts qui s’étend pendant quatre-vingt-treize lieues de Smolensk à Moscou. C’est le 19 août qu’eut lieu le combat soutenu par le maréchal Ney à Valontina-Gora, et dans lequel le général Gudin fut frappé mortellement d’un boulet.