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puis, laissant ma pauvre bête sur la place, je repartis comme une balle. Arrivé dans un bois, je rencontrai des cantiniers qui rejoignaient leur corps : Halte-là, m’écriai-je, ce cheval, de suite. Voici l’ordre.

— Mais…

— Il n’y a pas de mais, lisez. Un cheval, vite un cheval, Je vous laisse le mien à la place.

Ils me donnèrent une excellente bête qui me porta loin. D’ailleurs, je trouvai dans ces parages une correspondance établie pour protéger la route. Je n’avais qu’à montrer mon ordre au chef de poste, je changeais de cheval, et au galop ! De cette façon, j’arrivai sans encombre à Witepsk et remis mes dépêches au général commandant la place.

Pendant qu’il en prenait connaissance, je dînai et j’eus encore le temps de me jeter sur un matelas. Mais au bout d’une heure de repos, il fallut repartir. Je comptais au moins trouver les mêmes facilités qu’à mon premier voyage. Je me trompais ; arrivé à l’endroit où j’avais laissé un piquet de cavalerie qui servait à la correspondance, plus rien. Tout était pris ou en fuite. Me voilà donc seul au milieu des bois avec un cheval abîmé de fatigue et sans possibilité de relayer. Comment continuer ma mission ?

Je ralentis le pas et je me mis à réfléchir. Après quelques instants j’aperçus au loin devant moi, à un endroit où la route s’élargissait, un gros de cavaliers