vieux camarades. Nous séjournâmes quelque temps dans cette grande ville. La chaleur excessive qui régnait alors, jointe aux privations de tout genre, occasionna des dyssenteries qui nous causèrent des pertes considérables.
De Witepsk, nous nous dirigeâmes sur Smolensk, où nous livrâmes une bataille des plus sanglantes. Lorsque le combat fut engagé, l’empereur me manda près de lui.
— Tu vas, dit-il, partir pour Witepsk, tu remettras ces dépêches au commandant de la place. Voici un ordre qui enjoint à tout employé ou militaire de quelque arme et de quelque grade qu’il soit, de te prêter main-forte ; tous les chevaux sur ta route sont à ta disposition en cas de besoin, sauf les chevaux d’artillerie.
— Es-tu bien monté ?
— Oui, sire, j’ai deux chevaux.
— Prends-les tous deux. Quand tu en auras crevé un, prends l’autre, — Mets dans cette mission toute la vitesse possible, Je t’attends demain. Il est trois heures, pars.
Aussitôt je m’élance à cheval ; le comte Monthyon me dit : Ça presse, mon vieux grognard, ne perdez pas une minute.
Suivant son conseil, je partis comme la foudre, tenant mon second cheval en main. Quand je sentis ma monture fléchir sous moi, je mis pied à terre. D’un tour de main je dessellai mon cheval et sellai l’autre,