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ment, écouta le récit de mes aventures et recommanda à son chef d’état-major de me faire bien soigner.

En quittant le maréchal pour rentrer au camp, je trouvai mes soldats qui me demandèrent pardon de leur conduite. Je consentis à me taire en les remettant à leurs chefs de corps. Mais quand je réclamai au colonel du Joseph-Napoléon un reçu de mes cent trente-trois Espagnols, cet officier, qui était Français, remarqua qu’il en manquait la moitié. Ils sont morts, lui dis-je.

— Comment, morts !

— Ils ont été fusillés.

— Et pourquoi ?

— Parce qu’ils avaient fait feu sur moi, qu’ils avaient déserté, qu’ils s’étaient livrés à une foule d’excès.

— Eh bien ! je vais faire fusiller les autres.

Il l’eût fait comme il le disait. Je fus obligé de calmer sa fureur, de lui observer qu’ils avaient en quelque sorte subi leur jugement, et que l’empereur seul avait le droit de revenir sur ce qui s’était passé. Il ne voulut pas céder à mes instances, et j’eus recours au maréchal Davoust pour obtenir la vie de mes fuyards.

Le lendemain je pris les dépêches du maréchal et retournai à Witepsk. Je remis mes papiers et mes reçus au comte Monthyon. Îl savait déjà tout ce qui s’était passé. L’empereur lui-même en était instruit.

À Witepsk, je retrouvai mes anciens chefs et mes