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je ne pouvais l’atteindre qu’à force de vitesse et d’activité. Cependant, à Witepsk, j’appris qu’il était seulement à trois lieues plus loin. J’allai bien vite chez le commandant de place m’informer de la route à suivre, disposé à faire immédiatement cette dernière étape. Mais, quand je revins au lieu où j’avais laissé mon bataillon, je ne retrouvai plus que mon tambour et mon ordonnance. — Ils sont tous partis, me dirent-ils ; on leur a raconté que le corps du maréchal n’était qu’à une lieue d’ici, ils ont couru le joindre. — De cela, je crus ce qu’il me convint de croire. Une désertion me semblait beaucoup plus probable qu’un excès de zèle.

Abandonné, ou plutôt débarrassé de mon bataillon, je me mis en route avec mon tambour et mon soldat. Quand je me présentai dans cet équipage, au chef d’état-major du maréchal, les aides-de-camp m’accueillirent par des éclats de rire. Je leur observai que leurs rires étaient hors de propos, et m’adressant au général : Tenez, lui dis-je, voici ma feuille de route et mes rapports. Vous verrez, général, comment je me suis conduit depuis Wilna.

À ces mots, il me prit à l’écart, me demanda des explications et, après les avoir reçues, me conduisit près du maréchal Davoust. Celui-ci me reconnut pour un de ses vieux grognards. Je lui rappelait comment j’étais entré dans les grenadiers, grâce à un subterfuge que lui-même avait indiqué. Il m’accueillit gracieuse-