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attendre. Le soir arrivé, ils firent comme la veille et campèrent où il leur plut de s’arrêter.

Un autre jour, en traversant des forêts plus vastes encore que les précédentes, j’aperçus tout un détachement qui laissait la route et tournait à droite. Je me précipitai pour l’arrêter, Mais quelle fut ma terreur en voyant ces bandits faire volte-face et tirer sur moi. C’étaient cent trente-trois Espagnols du régiment de Joseph-Napoléon. Ils avaient comploté ce beau coup, et heureusement n’avaient pu déterminer aucun Français à les imiter. Je n’eus que le temps de fuir devant leurs balles et de rejoindre les débris de mon régiment. Soldats, m’écriai-je, vous êtes Français : tâchez de vous conduire comme des Français. Je ne resterai plus à l’arrière-garde. Je marcherai devant vous. Suivez-moi si vous le voulez, et soyez sûrs, en tous cas, que l’empereur sera instruit de tout ce qui adviendra.

Je finis par sortir de cette maudite forêt. J’arrivai près d’un village où se trouvaient quelques baraques et une station de cavalerie commandée par un colonel qui avait pour mission de diriger les troupes de passage. Je lui fis mon rapport. Après m’avoir entendu, il manda quelques juifs qui, sur mes indications, devinèrent dans quels villages mes cent trente-trois déserteurs avaient pu se réfugier, et il fit partir dans cette direction cinquante chasseurs à cheval. Ce détachement arriva sur les minuit près du village désigné par les juifs, le cerna, et surprit les Espagnols dans