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à bivouaquer. Je voulus m’y opposer. Ils répondirent qu’ils avaient assez marché et ne voulaient pas marcher davantage.

Pendant que je subissais ainsi la loi qu’il leur plaisait de me faire, une calèche vint à passer, entourée d’une escorte nombreuse et bien éclairée par des torches. C’était l’empereur. Il aperçut notre bivouac, et ne comprenant pas quel corps il avait là sous les yeux, il me fit mander près de lui.

Je m’approche de la portière.

— Que fais-tu là ? me dit-il.

— Sire, je conduis sept cents traînards au corps du maréchal Davoust. Mais ce n’est pas moi qui commande : ils ne font que ce qu’ils veulent bien. Déjà beaucoup ont déserté — peut-être les autres ne tarderont pas.

— Fais comme tu pourras — reprit l’empereur. Je vais donner des ordres pour les faire arrêter.

En disant ces mots, il part et je reste pour passer la nuit en compagnie de cette bande de rebelles, regrettant fort mes galons de sergent.

Je n’étais pas au bout de mes peines. Le matin je fis battre l’assemblée, je dis à mes hommes quelles étaient les mesures prises contre eux par l’empereur, et nous nous mîmes en route. Vers midi, comme nous sortions du bois, nous rencontrâmes un troupeau de vaches. Chacun se précipite pour les traire dans les gamelles et se disputer le lait. Il me fallut encore les