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avaient déjà quitté la ville, toutes les promotions tombèrent sur nous. À midi, pendant que je passais avec un paquet de lettres sous le bras pour en faire la distribution, M. Belcourt m’aborda et, me serrant la main, il me dit :

— Mon brave, vous passez aujourd’hui lieutenant dans la ligne.

— Merci, répondis-je, je ne veux pas quitter la garde.

— Je vous dis, répliqua M. Belcourt, que vous porterez aujourd’hui même des épaulettes de lieutenant. Croyez-moi, acceptez-les d’abord, et bientôt je vous ferai rentrer parmi nous. Ainsi, pas de mauvaise volonté. À deux heures, trouvez-vous sur la grande place.

Je m’y rendis selon ses ordres. On nous plaça vingt-deux sur un seul rang. L’empereur arriva, nous passa en revue, toisant chacun de la tête aux pieds, et témoigna sa satisfaction.

Quand mon tour fut venu, ma petite taille sembla l’étonner. — C’est notre instructeur, dit M. Belcourt : il faisait mille difficultés pour passer dans la ligne.

— Comment cela ! fit l’empereur, tu ne veux pas passer dans la ligne ?

— Non, sire — je préfère rester dans votre garde.

— Eh bien — je te nomme à mon petit état-major. En prononçant ces mots, l’empereur se tourna vers le comte Monthyon qui l’accompagnait, et il ajouta :