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Meaux en Brie. Retardé par quelques opérations de comptabilité, je ne pus quitter Courbevoie que le lendemain à huit heures du matin. Sur les midi, je traversais la place Vendôme assis dans un joli cabriolet placé au-devant de mon premier fourgon et me carrant comme un homme d’importance. J’atteignis mon corps dans la nuit.

L’adjudant-major, M. Belcourt, me félicita de ma célérité. Il fut convenu avec lui que, désormais, je devancerais les régiments de la garde, sauf à les attendre à chaque étape. Dans les grandes villes, je passais à la poste pour recueillir les lettres qui leur étaient destinées. Mes chevaux et mes hommes avaient le temps de se reposer. Je pouvais même réparer les accidents qui survenaient à mes équipages durant un voyage aussi long que le nôtre.

En effet, nous gagnions la frontière de Russie en traversant toute l’Allemagne. Nous allions commencer cette malheureuse campagne qui coûta tant de sang à la France et tant de regrets à notre empereur. Il ne m’appartient pas d’en raconter ici tous les détails. Je n’ai pas la prétention d’écrire une histoire. Qu’on me permette seulement de relater quelques détails personnels qui donneront une idée des choses et des hommes de cette époque mémorable.

À Vilna, le 15 juillet, l’empereur donna l’ordre qu’on lui présentât douze sous-officiers de sa garde pour devenir lieutenants dans la ligne. Comme les chasseurs