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enthousiasmé : C’est pourtant moi, disait-il, qui l’ai forcé d’être caporal : c’est mon ouvrage. Quand nous fûmes de retour à Courbevoie, nous continuâmes la fête à table avec les gratifications de l’empereur : un litre de vin par homme, vingt-cinq sous aux soldats, quarante-trois sous aux sous-officiers, trente-trois aux caporaux, et de la gaîté sur tous les visages.

C’est ainsi qu’on fêtait la naissance d’un enfant promis à de si hautes destinées, et qui devait tomber si jeune du faîte des grandeurs dans un tombeau sur la terre étrangère.

Je placerai ici un charmant souvenir de l’enfance du jeune prince qui était notre idole à tous. Me trouvant un jour en grande tenue dans la cour de Saint-Cloud, je fis rencontre de l’enfant porté par sa nourrice et accompagné du maréchal Duroc. L’enfant, en m’apercevant, tendit ses bras vers moi, comme pour prendre mon plumet. Le maréchal me fit signe d’approcher : le jeune prince saisit aussitôt mes plumes, les arracha, et de rire aux éclats. — Laisse-le faire, disait le maréchal ; je laissais bien faire, mais le plumet fut sacrifié et moi très-sot. Les dames d’honneur et la nourrice étaient folles de joie à voir la mine que je faisais. Enfin le maréchal me dit : — Laisse-lui ton plumet, je te le ferai remplacer, et se tournant vers la dame qui le portait : Mettez l’enfant sur les bras de ce sergent, qu’il le porte un peu. C’était, ma foi, bien une autre affaire. J’allonge les bras pour recevoir ce précieux fardeau :