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M. Belcour me présente à l’empereur :

— Quel est ce sous-officier ? dit l’empereur.

— C’est le petit grognard que vous avez entendu commander à la chasse dans la forêt de Fontainebleau.

— Mets-toi à ma gauche, me dit Napoléon, et tu répéteras mon commandement.

La tâche n’était pas difficile, je m’en acquittai on ne peut mieux. Après que l’empereur avait fait son commandement, je me retournais et je le répétais, puis je me remettais face à lui et j’attendais. Il ne s’agissait que de ménager ma voix suivant la distance et de la déployer assez pour la porter du pavillon de l’Horloge à la place du Carrousel.

Toutes les croisées des Tuileries étaient garnies de nombreux spectateurs. Les étrangers paraissaient bien étonnés de voir un sous-officier avec son fusil répéter les paroles de l’empereur, et s’amusaient beaucoup des tours et demi-tours que je faisais après chaque commandement. Chaque régiment passait sous l’arc-de-triomphe, venait se ranger en bataille devant l’empereur, qui le passait en revue, puis revenait à sa place pour le faire manœuvrer et le faire mettre en colonnes serrées devant la garde. Cette manœuvre d’infanterie dura deux heures, et j’eus l’honneur de voir défiler devant moi la garde qui fermait la marche. Je fus alors renvoyé par l’empereur et remplacé par un général de cavalerie ; il était temps, j’étais en nage. Tous mes chefs vinrent me féliciter ; mon capitame, surtout, était