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pas qu’on économise sur la nourriture pour acheter des liqueurs.

Tout roulait sur moi : l’exercice des consignés, la surveillance de mon réfectoire, et cinquante vélites à faire manœuvrer. Toutes mes heures étaient prises ; mais, bien secondé par les deux adjudants-majors, je menais à fin toute cette besogne avec facilité. Je puis dire que je me sentais fier d’être arrivé où j’en étais, et de me trouver en évidence parmi des hommes plus instruits que moi et que je finis par surpasser en pratique à force de travail ; je justifiais ainsi la bonne opinion de mon capitaine.

La fin de 1810 arriva ; 1811 nous promettait bien des choses nouvelles. Le 20 mars au matin, il arriva à la caserne un courrier qui nous apprit la délivrance de l’impératrice, sans nous en dire davantage. Le premier coup de canon des Invalides se fit alors entendre : tout le monde était silencieux, comptant les coups. Au vingt-deuxième, un immense cri de : Vive l’empereur ! poussé par tous les vieux grognards ivres de joie, retentit dans la caserne : notre empereur avait un héritier. Il fut baptisé, le 9 juin, à Notre-Dame. Napoléon donna à cette occasion des fêtes magnifiques qui durèrent plusieurs jours. Tous les princes de la confédération du Rhin étaient à Paris. L’archiduc Charles fut le parrain de l’enfant : c’est l’époque de la plus grande splendeur de la cour de France : les étrangers arri-