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galons de sergent, souvent de sergent-major, et venaient chez nous en qualité de simples grenadiers. Cela était dur, mais j’avais le ton nécessaire pour leur en imposer, et j’étais d’ailleurs bien secondé par les adjudants-majors.

Le pavillon des officiers donnait sur la cour, et ils suivaient des yeux tous nos ouvrages. Un jour ils me firent appeler pour me montrer le plan d’un vaste parterre qu’ils voulaient faire exécuter par les consignés, avec la promesse de payer la bouteille à chacun de ceux qui travailleraient bien. Je devais diriger les travaux. Chacun se mit à l’œuvre, on marqua l’emplacement des massifs et des arbres, on dessina deux quinconces sur le devant de la caserne pour planter de beaux acacias. Dès le lendemain, je mis à l’œuvre mes consignés. Les officiers firent venir une tonne de petit vin de Surène, et on fit la distribution à raison d’une bouteille par homme. J’étais le directeur en chef des travaux ; les adjudants fournissaient les plans et surveillaient l’exécution. Je divisai mon monde, je désignai à chacun son travail, et fis tout marcher de front. C’est ainsi que s’exécutèrent toutes ces belles plantations que j’ai revues, il y a dix ans, grandes et magnifiques.

Je reçus force compliments de tout le monde, et on eut l’idée de faire choix de moi pour tenir la pension des sous-officiers ; je fus nommé par le conseil.

J’avais à servir cinquante-quatre sous-officiers.