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Nous reçûmes de nouvelles instructions pour la chasse au cerf. Les gardes eurent l’ordre d’aller reconnaître le gîte des cerfs et leur âge, d’en dresser un rapport ; cette reconnaissance étant faite, et tous les préparatifs terminés, l’empereur fixa le rendez-vous. Cinquante-deux chiens furent divisés en quatre relais de treize chaque, sans compter les limiers. Chacun prit son poste, la cour déjeûna, les calèches arrivèrent, et le lancer commença. L’empereur se portait au galop aux points de passage, attendait le cerf, et s’il le manquait partait comme la foudre pour se trouver à un autre point. On sait ce qu’est une semblable chasse.

Après la chasse, la cour rentra à Paris, et nous à Courbevoie. L’adjudant-major annonça au général Dorsenne que l’empereur m’avait nommé instructeur des deux régiments de grenadiers, et je fus installé de suite dans mes fonctions. Le matin, je faisais manœuvrer les consignés le balai à la main et l’après-midi avec le fusil. Il y avait une carrière de sable près de la grille de la caserne : quand j’avais beaucoup d’hommes punis, je les mettais à la carrière ; ils aimaient mieux cet ouvrage que l’exercice. Les uns tiraient du sable, les autres menaient la brouette et le tombereau ; tout ce travail servait à niveler et à sabler la cour. On grognait bien un peu, mais l’ouvrage se faisait tout de même. Je trouvais tous ces vieux soldats assez dociles pour des hommes qui sortaient des régiments avec des